Gnothi Seauton

A travers l'exploration des mouvements de rotation corporelle et d'actions répétitives propres au travail du meunier, Gnothi seauton, le moulin de mon corps, interroge le rapport entre les hommes et leur environnement, le corps et le lieu de vie et de travail. Sur des sons enregistrés dans un moulin à eau en activité et des lectures d'extraits d'un témoignage de la vie quotidienne dans un moulin, il s'agit de croiser la mémoire individuelle et collective en ramenant les gestes et les sons d'un patrimoine parfois oublié, de mettre en lumière l'évolution rapide des paysages et de la société.

 

 

 

Spectacle dansé et joué pour deux interprètes.

 

Durée : 60 min environ

Public : Tout public, en intérieur ou extérieur.

Chorégraphie : Hélène Poymiro

Interprétation : Emily Chevalier et Hélène Poymiro

Texte : Extraits du témoignage de Marie-Rose Puget (Moureaux)

Captation sonore : Quentin Geyre

Composition musicale : Fabrice Vieira

Captation vidéo et photographique : Quentin Geyre (Groseille vidéos)

 

Enregistrement sonore au moulin de Pinquet à Siant-Félix-de-Fauconde (33).

 

Création d'une vidéo de présentation du projet au moulin de Saint-Batz à Le Puy (33).

Les Moulins

Les moulins ont une importance particulière dans le patrimoine et l'histoire des territoires.

Par exemple, en 1809, la Gironde comptait environ 2000 moulins. L'inventaire napoléonien recense 1801 moulins à blé en Gironde dont 806 moulins à vent et 985 moulin à eau, et ce, sans compter les moulins scieries et les moulins forges.

Ainsi, les moulins faisaient pleinement partie du paysage des villes et de la vie économique, industrielle et sociale.

Au même titre que le château et l’église, le moulin est le troisième pilier constitutif du développement de nos sociétés.

 

Le spectacle Gnothi seauton parle de l'histoire de chacun d'entre nous tant les moulins font partis du patrimoine collectif. Cette création peut donc s'adresser à la fois à des communes dont les moulins, et à la fois, à des communes en ayant encore des traces .

 

Gnothi seauton, le moulin de mon corps, propose donc d'allier le culturel au patrimonial et de mettre en avant des lieux existants et des lieux oubliés témoins de l'évolution de la société.

 

 

Moulin de la Villeneuve, La Genête.
Moulin de la Villeneuve, La Genête.

Une descente ou tournée bleue

L’un des enjeux de cette création est d’assortir la représentation à une diffusion quasiment sans impact carbone sur l’environnement en dansant la pièce au fil de l’eau. L’équipe artistique souhaite se déplacer en canoë et/ou vélo pour diffuser son spectacle et ainsi créer des tournées “bleues”.

Ces tournées sont envisagées sur les fleuves et rivières et des descentes de 2h à 3h maximum entre chaque étapes est envisagée.

Un conseiller technique spécifique sera consulté pour chaque tournée et un repérage préalable sera effectué avec l’équipe artistique.

 

Note d'intention

"A la genèse de cette création, il y a les mémoires de ma grand-mère maternelle, Marie-Rose Puget (Moureaux), aujourd'hui âgée de 93 ans. Pour ses 90 ans, elle a décidé de dicter ses souvenirs à sa fille, ma maman. Sous forme de collection, au fil des anecdotes, elle déploie l'histoire de notre famille avec en fil rouge, le lien à un lieu, Le Moulin de la Villeneuve à La Genête. A la lecture de ce texte, je me suis rendue compte à quel point le moulin était fondateur de mon histoire familiale mais plus largement du territoire qui l'entoure, à quel point ce lieu avait été un croisement, un lieu de rencontre et de vie.

L'histoire du moulin est aussi liée à l'arrivée du progrès, aux bouleversements de la société, à la guerre.

Pour moi, le moulin est ainsi "mémoire de la mémoire collective dans une mémoire individuelle" (Annie Ernaux).

Mais le moulin, c'est aussi des sons et des sensations. C'est une madeleine de Proust liée à mon enfance auprès de mes grands-parents, liée à l'enfance de ma maman et de mon oncle et liée à l'enfance de ma grand-mère.

 

A travers la création dansée, il s'agit de partir à la recherche d'une synesthésie des sensations de l'enfance et du moulin à eau..

Le bruit de l'eau, des meules, de la ferme, des clients, tout un paysage sonore à faire revire et support de ma danse. Les sensations, le froid, l'humidité, le contact avec le maïs et la farine, les odeurs, les mouvements du meunier, sont autant de gestes à explorer. Que reste-t-il dans mon corps de cet héritage ?

 

De ce point de départ, j'ai eu envie de créer un spectacle qui pourrait s'inviter dans les moulins et les lieux liés à l'eau et ses activités industrielles et agricoles. Il s'agit de transmettre ses souvenirs à la frontière entre spectacle vivant et patrimoine, de poursuivre le souhait de ma grand-mère de rendre vivant le passé et d'en puiser un terreau solide pour l'avenir.

 

Le titre fait référence à une formule grecque de Socrate “Connais-toi toi-même”. Cette phrase était sans cesse répétée par mon arrière arrière grand-père à ses ouvriers agricoles. Au tout début du 20e siècle, il l'avait apprise au lycée avant de devoir reprendre la ferme familiale et en avait fait sa maxime.

 

Pour la chorégraphie, ma recherche s'est rapidement centrée sur la giration dans le corps. Dans un moulin, le mouvement est toujours présent : mouvement de l'eau, mouvement de la roue ou de l'éolienne, mouvement des meules mais aussi mouvement du meunier. Il me fallait donc transcrire par le corps cette idée de répétition et d'actions successives. Au coeur de cette recherche, la rotation des différents segments du corps et le travail sur les différents plans théorisés par Rudolf Laban (frontal, transversal et sagital) m'ont apparu comme essentiel.

Il en est de même pour la captation des sons du moulin m'aidant à matérialiser un rythme et les bruits continus de ce lieu, source d'information et du savoir-faire du meunier."

 

Hélène Poymiro.